Volume 10, numéro 5, Automne 2021
Les infirmières et infirmiers pivot en oncologie (IPO) ont été introduits au Québec en 2005 avec comme objectif d’être des personnes-ressources pour les patients atteints de cancer et leurs proches, en intervenant dès l’annonce du diagnostic et tout au long de la trajectoire de la maladie.
Le but était alors de diminuer la fragmentation des soins. Plus spécifiquement, leur rôle unique consiste à évaluer, enseigner, informer, soutenir et coordonner les soins pour s’assurer de leur continuité (DLCC, 2008).
Pour un poste d’IPO, l’infirmière ou l’infirmier doit obtenir la certification de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada dans cette spécialité. Ce personnel a donc des connaissances spécialisées en oncologie et s’assure de les mettre à jour continuellement.
Avec les années, le rôle et la façon de prendre en charge la clientèle se sont adaptés aux besoins propres à chaque région et aux différents établissements de santé, que ce soit un centre à vocation régionale ou un centre tertiaire.
En Mauricie et au Centre-du-Québec, chaque patient avec un diagnostic de cancer pouvait jusqu’à tout récemment bénéficier de l’accompagnement d’une ou d’un IPO dès l’annonce du diagnostic. Toutefois, avec l’incidence des cas de cancer à la hausse depuis plusieurs années, l’augmentation de la complexité des cas et de la durée des traitements, le nombre actuel d’IPO ne permet pas de répondre à la demande. Différents travaux ont donc été menés aux niveaux local et provincial afin d’identifier les patients susceptibles de bénéficier le plus possible d’un accompagnement par l’IPO, notamment les clientèles plus vulnérables ou avec des traitements à plus grand risque de complications.
Toutefois les quatre grandes fonctions de l’IPO demeurent : évaluer, soutenir, informer et coordonner.
Concrètement, ce personnel infirmier spécialisé débute par une prise de contact avec le patient au cours de laquelle il lui explique son rôle. Il répond aux questions et informe la personne sur les différents aspects de la maladie, sur les traitements et leurs effets indésirables. Il s’assure que le patient et la famille comprennent le plan de traitement et sa visée (adjuvante, curative ou palliative). Il les informe sur les suivis à court, moyen et long terme.
Il procède à l’évaluation initiale du patient et de sa famille, soit les ressources et les besoins du patient, ainsi que de leurs proches, si nécessaire.
Il dirige le patient vers différents organismes ou ressources qui pourraient être utiles, par exemple pour de l’aide financière ou du soutien psychologique.
Il apporte du soutien et de l’écoute à la personne atteinte et à ses proches, et participe à la coordination et la continuité des soins.
Il ne vise pas à « faire pour » le patient, mais à le rendre autonome dans sa navigation dans le système de santé.
Durant tout l’épisode, il sera donc sa porte d’entrée pour les questions concernant son état de santé ou ses traitements. Il les réévalue au besoin et conseille le patient sur la gestion des symptômes de la maladie et des effets indésirables des traitements.
Il collabore étroitement avec les chirurgiennes et chirurgiens, les hémato-oncologues, les radio-oncologues, les membres de l’équipe interdisciplinaire, ainsi que les organismes partenaires.
Bref, ce rôle est exigeant, mais accompagner le patient et sa famille dans cette épreuve est riche d’apprentissages, tant sur le plan personnel que professionnel.
Julie Trudel
Infirmière pivot en oncologie au CIUSSS MCQ
Mots clés