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CLINIQUEMENT VÔTRE

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L’incontinence urinaire n’est pas une maladie!

Même si 3,3 millions de Canadiennes et de Canadiens en sont affectés, l’incontinence urinaire n’est pas une maladie. Ce problème commun, autant chez les hommes que chez les femmes, se définit comme étant l’incapacité de contrôler sa vessie. L’incontinence urinaire a de nombreuses conséquences financières et sociales. En effet, de 50 % à 75 % du budget pour traiter l’incontinence urinaire sont dépensés en produits absorbants et seulement 25 % pour en traiter la cause et la prévenir. Selon la population en général, ce problème est normal avec l’âge et rien ne peut être fait.

De plus, l’incontinence urinaire a un effet dramatique sur la vie d’une personne. Imaginez que vous ne pouvez plus voyager, aller au cinéma, faire des courses, vous entraîner au gymnase, avoir des relations sexuelles, soulever votre enfant ou revenir du marché avec vos sacs de commissions, par crainte d’avoir des fuites urinaires. Vous devez absolument savoir où sont les toilettes partout où vous êtes. Pourquoi tolérer ce genre de situation quand il est possible de contrôler, traiter et, dans bien des cas, guérir l’incontinence. En parler donne accès à de nombreuses options de traitement.

En effet, l’incontinence témoigne de problèmes physiologiques. Il faut donc en discuter avec une professionnelle de la santé, comme une infirmière stomothérapeute au courant des traitements dans ce domaine.

L’incontinence urinaire se traduit par une émission involontaire d’urine au mauvais moment ou au mauvais endroit. Les causes de ce symptôme sont multiples : une faiblesse des muscles du plancher pelvien à la suite d’un accouchement, une maladie comme la sclérose en plaques, des blessures dues à un accident (paraplégie, blessure médullaire, etc.) ou un effet secondaire de médicaments ou d’une intervention chirurgicale (prostatectomie radicale, hystérectomie, etc.). Le vieillissement ne cause pas l’incontinence. Cependant, les changements normaux associés à cette période de la vie peuvent contribuer à son développement. Par exemple, l’hypertrophie bénigne de la prostate chez l’homme vieillissant et le manque d’œstrogènes causant l’atrophie vaginale et urétrale chez la femme accélèrent parfois le processus de l’incontinence. L’infection urinaire, la constipation, la mobilité réduite et le délirium entraînent aussi cette perte de contrôle.

Voici les divers types d’incontinence urinaire :

  • Incontinence à l’effort : Écoulement involontaire d’urine provoqué par un effort augmentant la pression abdominale, par exemple l’exercice, la toux ou l’éternuement.
  • Incontinence par impériosité : Écoulement involontaire d’urine accompagné ou immédiatement précédé par une forte envie d’uriner et pouvant être causé par un spasme vésical involontaire.
  • Incontinence urinaire mixte : Écoulement involontaire d’urine accompagné ou immédiatement précédé par une forte envie d’uriner, en plus d’être associé à un effort, par exemple l’exercice, la toux ou l’éternuement.
  • Incontinence fonctionnelle : Écoulement non causé par des facteurs de la fonction urinaire, mais par un problème de mobilité ou de déficience cognitive.
  • Incontinence due à l’hyperactivité de la vessie : Écoulement causé par des spasmes des muscles de la vessie entraînant des envies fréquentes et pressantes d’uriner surtout pendant la nuit.
  • Incontinence par regorgement : Écoulement involontaire d’urine causé par l’incapacité de la vessie à se vider complètement avec de fréquentes pertes d’urine sans avoir envie d’uriner.
  • Incontinence provenant d’une vessie neurogène : Écoulement causé par des lésions neurologiques dont le principal symptôme est une perte incontrôlable de la vessie.

Les éléments clés pour évaluer la continence sont : l’histoire médicale incluant les conséquences sur la qualité de vie, l’histoire chirurgicale et obstétricale s’il y a lieu, l’aspect nutritionnel, environnemental et fonctionnel, l’examen physique, les tests de laboratoires et les tests urodynamiques (journal urinaire, analyse d’urine, cystométrie, etc.). Il ne faut surtout pas oublier d’évaluer les attentes du client quant à son problème d’incontinence et sa résolution. Ensuite, le type d’incontinence est déterminé et un plan de traitement adéquat et individualisé, mis en place.

Voici quelques options de traitements variant selon la cause et le type d’incontinence :

  • Exercices de Kegel : Pratique quotidienne d’exercices visant à renforcer des muscles du plancher pelvien. Cela consiste à contracter les muscles du périnée pendant 10 secondes et à relaxer 10 secondes. Il faut exécuter de 30 à 80 répétitions par jour en position assise, couchée et debout. Pour un résultat permanent, il faut faire ces exercices tous les jours et pour toute la vie. Il est aussi possible de renforcer le plancher pelvien en utilisant des cônes vaginaux ou le biofeedback (stimulation électrique).
  • Rééducation de la vessie : Entraînement à résister à l’envie d’uriner et à augmenter graduellement l’intervalle entre les mictions.
  • Régime alimentaire : Suppression de certains aliments, solides et liquides, susceptibles d’irriter la vessie, par exemple la caféine et la consommation excessive d’alcool.
  • Médicaments : Absorption de médicaments pour calmer les spasmes vésicaux ou augmenter le volume d’urine, comme les diurétiques.
  • Hormonothérapie substitutive : Prise d’œstrogènes chez les femmes postménopausées.
  • Pessaire : Pour les femmes, en cas de prolapsus, cystocèle ou rectocèle associé à l’incontinence, introduction d’un pessaire dans le vagin et ajustement effectué par un gynécologue.
  • Pince pénienne ou condom urinaire : Pour les hommes, utilisation d’une pince pénienne ou d’un condom urinaire bien ajusté afin d’éviter les irritations ou les lésions. Pour cela, il faut prévoir l’enseignement d’un professionnel de la santé spécialisé.
  • Cathétérisme intermittent : Introduction d’une sonde urinaire lors de rétention urinaire toutes les 4 à 6 heures. Pour cela, il faut prévoir l’enseignement d’un professionnel de la santé spécialisé.
  • Injection : Injection d’agent de remplissage dans le pourtour du canal urinaire afin de le renforcer.
  • Chirurgies : Procédure la plus courante, le repositionnement du col vésical pour un meilleur contrôle urinaire; l’implantation de sphincters artificiels afin d’aider les hommes devenus incontinents à la suite d’un traitement chirurgical du cancer de la prostate; l’implantation chez certains patients adultes d’un appareil conçu pour stimuler le nerf sacré, dans la région du bassin et améliorer la fonction vésicale.
  • Produits absorbants et crèmes barrières : Utilisation de ces produits et crèmes avec une bonne hygiène périnéale et un ajustement adéquat, ainsi qu’une bonne connaissance de ces derniers.

Dans le cas des personnes à la capacité physique ou intellectuelle réduite, d’autres options résolvent ou améliorent les problèmes d’incontinence, comme l’assistance pour aller aux toilettes, un horaire de miction, des appareils pour la mobilité et la communication. L’utilisation de produits est aussi un choix qui améliore énormément la qualité de vie du patient.

Souvenez-vous que l’incontinence urinaire n’est pas une maladie ni une conséquence automatique du vieillissement. Il est presque toujours possible de la guérir, de la traiter ou de la gérer avec succès. La fourchette d’âge des personnes souffrant d’incontinence urinaire varie de l’enfance jusqu’à la mort. Prêtez attention surtout aux personnes âgées vivant dans un centre d’hébergement, car plus de 90 % d’entre elles souffrent d’incontinence urinaire. Connaître l’existence des nombreux traitements et des diverses méthodes de gestion de l’incontinence constitue une première étape pour aider vos patients incontinents.

 

Louise Turgeon
Infirmière stomothérapeute, CIUSSS MCQ/AE

 

 

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Trouvé sur : https://www.woundscanada.ca/docman/public/wound-care-canada-magazine/201...

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